Ce jeudi soir, sur Euralille
flottait un parfum d'Amérique Latine, on croisait des gens
se dirigeant vers l'Aéronef avec une démarche chaloupée.
Il faut dire que la salle accueillait Yuri Buenaventura, "missionnaire"
de la salsa colombienne.
Rempli, l'Aéronef est
rempli, on a du ouvrir la mezzanine et la salle ressemble à
la Havane avec ses couples de danseurs. A croire que toutes les
associations de danses latines se sont données rendez-vous
là. Une D-Jette se charge de chauffer les jambes et les
corps en attendant l'arrivée de la formation cuivrée.
Le drapeau colombien flotte déjà à l'étage
quant Yuri Buenaventura et ses musiciens entrent en scène.
Le chanteur se fend d'une présentation, exposant les problèmes
de son pays, tiraillé entre ses soi-disant "révolutionnaires"
(tout le monde a alors une pensée pour Ingrid Bettancourt)
et l'asservissante main-mise états-unienne, emportant ainsi
l'adhésion du public. Quant à la musique, c'est
de la très bonne salsa (même si à mon goût,
on n'est pas au niveau d'un Buena Vista Social Club que j'ai eu
le bonheur de voir sur scène), gorgée de cuivres
chauds et généreux. L'homme profite de chaque pause
musicale pour discuter avec le public, expliquant ici la différence
entre Són et Salsa, rendant un hommage appuyé à
Pablo Neruda et Salvador Allende, voire même en donnant
un cours collectif de Salsa en chantant la vieille scie qu'est
"Besame mucho" (c'est vrai que pour ceux qui ont eu
le privilège de la voir chantée par Omara Portuondo
accompagnée du Buena Vista, on se dit qu'il l'a envoyé
un petit peu par-dessus la jambe). De tout le concert, il ne chantera
pas sa version du "Ne me quitte pas" de Brel qui l'a
popularisé en France, certainement la volonté de
revenir à quelque chose de plus authentique, de moins "bobo-world-music",
enfin, quelque chose qui cadre plus avec l'honnêteté
de cet homme. Un excellent concert au final, réussissant
à faire oublier la grisaille du mois de novembre et des
gens repartant chez eux comme ils sont venus ; la démarche
chaloupée avec en plus du soleil au-dessus de leurs têtes.