Les Nuits de l'Alligator, sont
un rendez-vous annuel pour qui aime le blues sortant des clichés
Stratocaster/Fender Twin et leur déluge de notes virant
à la démonstration technique. Toujours une programmation
assez barrée résultant de l'excellent choix de leur
promoteur Jean-Luc Jousse. Ce soir le plateau nous offre donc
Ramsey Midwood, The Flash Express et "The Black Godfather"Andre
Williams.
C'est sûr que ce n'est
pas avec Ramsey Midwood qu'on va s'énerver ce soir. Le
zigue fait dans un folk-blues assez laid-back, accompagné
d'un claviériste tâtant également de l'accordéon
ou du mélodica. Le bon truc pour accueillir le public dans
la salle.
Si beaucoup de bluesmen font
dans le policé ou la démonstration du genre "t'as
vu toutes les notes que je place à la seconde", The
Flash Express, eux, font dans le sec et nerveux allant droit au
but. Volume à fond et Telecaster stridente pour un set
court mais mené au mépris des limitations de vitesse.
Après leur set, The Flash
Express ne quittent pas la scène ; à eux la mission
d'accompagner le "Black Godfather", le "King of
Rythm", l'ultime Badmotherfucker, Mr Andre Williams. 72 printemps
et un look de maquereau du Bronx, tout en zoot-suit bleu. Epaulé
par les teigneux de Flash Express (plus un deuxième guitariste
en renfort), l'homme balaie l'audience de son regard espiègle
(qui a dit "lubrique" ?) et pose sa voix chaude sur
des blues puant tous les vices ("Pussy stank, but so do marijuana",
traduisez vous-même pour avoir une idée du style).
Pas étonnant que ce mec ait été remis en
selle par Jon Spencer au même titre que des T Model Ford
ou R.L. Burnside. Du blues craspec à souhait.