Encore du bien gras qui tâche
bien à la Cave aux Poètes avec le passage des rouennais
de The Elektrocution et les espingos de Barcelone de Tokyo Sex
Destruction. Deux groupes qui font dans le sauvage speedé
et bruyant.
Avec The Elektrocution, c'est
à fond de 6 et tous les potars dans le rouge. Un chanteur
monté sur ressorts épaulé par des mecs aussi
furieux que lui, résultat, pas le temps de souffler, pas
de pause ; tout s'enchaîne au quart de tour. Du punk'n'roll
comme on aime, sans chichis ni effets de manches, juste cinq mecs
qui lâchent les chevaux et finissent par nous laisser couverts
de sueur et la tête explosée.
Tokyo Sex Destruction arrive
tout droit de Barcelone, réputée pour ses nuits
chaudes et agitées. On pourrait pourtant les croire sortis
de Détroit, "motor city", antre du MC5 et des
Stooges. Ils tapent effectivement dans un style désormais
qualifié de "high energy rock'n'soul" nous rappelant
le grand raout qui eut lieu en 1968 dans cette capitale de l'industrie
automobile américaine sus-citée (d'ailleurs toute
personne de bon goût se doit de posséder ce premier
album du MC5 capté live au Grande Ballroom, et en vinyle,
cela va de soi). On a donc devant nous un chanteur ressemblant
à un Pedro Almdovar qui aurait été un jour
jeune et mince. La scène de la Cave aux Poètes lui
semble d'ailleurs trop petite pour ses élucubrations, le
voilà donc rampant au plafond, se roulant par terre ou
fusionnant avec les spectateurs pendant que son gang assure derrière,
tout en poses directement issues des années glorieuses.
Ce n'est pas sans me rappeler les suédois de Dollhouse
ou les Bellrays (chroniqués dans ces pages) qui officient
eux aussi dans ce style. En tout cas, ce retour à un rock
gorgé de black soul me ravit. Comme quoi, pourvu que l'esprit
soit là, point n'est besoin de chercher l'originalité
à tout prix.