"Ich liebe Rock'n'Roll"
Un couloir-bar qui débouche sur une arrière
salle tapissée d'affiches de concerts, voilà l'Urban
Chaos, club punk de Lille où je fais ce soir ma première
incursion. Une scène grande comme la cuisine d'une studette
d'étudiant, juste éclairée par deux malheureux
spots oranges, les mêmes qu'adolescents on mettait dans
nos chambres pour écouter de la musique dite planante.
Aux foies malades de Sick Livers revenait l'honneur
d'ouvrir la soirée suivis des Ashtones déjà
plusieurs fois chroniqués dans ces pages, donc inutile
d'y revenir si ce n'est pour dire que leur set fut comme à
l'accoutumée excellent.
Arrivée sur scène des quatre Germains
prêts à en découdre dans la fournaise de l'Urban.
Vintage en diable, ça sent la New York Class of 77-78.
Attitude Ramones et Joan Jett and the Blackhearts, mâtinés
d'Heartbreakers (pas ceux de Tom Petty, les autres, les vrais).
Le brassard Sex Pistols du bassiste et son tee-shirt Dead Boys
ne trompent pas, on n'est pas venu écouter du jazz ou du
prog'. C'est bien de punk rock qu'il s'agit, on se croirait revenu
à la grande époque des clubs new yorkais style CBGB.
Bien vite les quatre Teutons se retrouvent couverts de sueur au
même titre que les spectateurs venus en masse (ce qui vu
la contenance de l'Urban et le manque de recul m'amène
à regretter de ne pouvoir shooter au vrai grand angle).
La chanteuse ira même faire don de sa personne en allant
faire partager sa foi à une piercée de première.
Cette nana-là a du Joan Jett et du Patti Smith première
époque en elle, et quand, après le concert, j'apprends
par le bassiste que suite à une opération, elle
n'a plus qu'une corde vocale (vrai ou faux, le saurai-je un jour
?), mon admiration se mue en respect.
Elle devient spectatrice le temps de la cover du "Real
Wild Child" (naguère popularisé par Iggy Pop)
chanté par le bassiste puis reprend sa place sur scène
pour nous achever et nous laisser couverts de sueur et de bière,
les oreilles pleines d'échos électriques.