Un dicton populaire dit "c'est
dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes" l'occasion
était trop belle de le vérifier ce samedi soir à
Marcq-en-Baroeul pour la Fête de la Musique. Dans le cadre
très "cossu" de l'Hippodrome s'offraient à
nous des "groupes de vieux" comme diraient les d'jeunzz
; Doctor Feelgood, Pretty Things, Animals, "je vous parle
d'un temps que les moins de vingt ans - voire même de quarante..."
Enfin, bref, on allait voir ce qu'ils avaient encore dans le ventre
les "vioques". D'abord, le lieu ; la salle des paris
de l'Hippodrome de Marcq, blindée de monde, moyenne d'âge
au-dessus de la quarantaine (de la cinquantaine même diront
les mauvaises langues). On y entendra même des "on
est venu ici parce qu'à Lille y'a rien de bien ce soir".
On était prévenu,
il était conseillé d'arriver à l'heure ;
il est à peine 19 heures lorsque Doctor Feelgood s'empare
de la scène. De la formation originale il ne reste aucun
membre, ce qu'on pourrait appeler les aléas de la vie,
entre les démissions, les remplacements et les décès.
Toujours est-il que les "nouveaux" n'ont pas à
rougir de leurs aînés. Du pub-rock joué la
poignée dans le coin faisant la part belle aux standards
du groupe (ah, ce "Down by the Jetty" épique).
Sans faire oublier Lee Brilleaux, Robert Kane assure le show,
excellent chanteur et harmoniciste, n'hésitant pas à
grimper sur les structures ; une bête de scène. Sûr
que chez ce toubib-là on est partant pour une consultation
régulière.
Des Pretty Things d'origine il
ne reste plus que le chanteur Phil May et le guitariste Dick Taylor
qui, lui, physiquement fait vraiment son âge (mais, même
jeune ce mec avait une allure de vieux). Avec "SF Sorrow",
ces mecs-là ont inventé l'opéra-rock (mais
pour diverses raisons l'album est sorti après "Tommy"
des Who) et étaient considérés comme le pendant
sauvage des Rolling Stones, c'est dire. Sûr qu'ils auraient
pu devenir aussi grands que les Who ou même les Stones mais
le sort en a décidé autrement, et oui, "Life
is a bitch..." (dixit Phil May au petit reporter). The Pretty
Things, c'est la classe incarnée, le "Mod Superior",
"tight pants and black jacket, italian boots, white shirt
and black tie", et ce son, entre le punk et le psyché,
un vrai défouloir à esgourdes. Le seul groupe à
nous offrir l'immense jubilation de voir se trémousser
quelques couples bcbg reprenant le refrain de "£SD"
("Yes I want, yes I need ... LSDeeeeeee!!!!"). Des vrais
voyous j'vous dis, des bêtes !
Avec les "Animals and Friends",
on quitte l'esprit voyou anglais pour quelque chose de plus flower
power. Pourtant ils sont anglais aussi, mais l'esprit est plus
"west coast", surtout avec le look du chanteur, sorte
de biker hippie aux allures de grizzly. Là aussi, peu de
rescapés du groupe originel, seul reste le batteur et si
le chanteur-bassiste assure comme une bête, on ne retrouve
quand même pas l'intensité du chant d'Eric Burdon.
Alors bien sûr, on aura droit aux classiques que sont "Don't
let me be misunderstood" ou "House of the Rising Sun"
mais le tout semble assez éloigné du son anglais
des Animals originaux. Un bon concert quand même assuré
par des mecs qui jouent avec plaisir et bien.