Bar central, tables, chaises et fauteuils, l'Aéronef transforme en cabaret pour la venue du We Got Cactus Tour, sorte de revue itinérante présentant ce qui se fait de mieux dans la scène alternative de Tucson, Arizona. Au programme donc, outre les projections vidéos et la restauration mexicaine, une succession de groupes aussi barrés les uns que les autres, sorte de collectif dont les membres exercent leurs talents dans différents groupes. Le tout entrecoupé des délires électro du DJ set d'Electroshockbox.

Lorsque j'arrive, les Solace Brothers ont déjà commencé leur set. Une espèce de desert-rock mixé avec des synthés. Très atmosphérique entre nappes planantes et guitares saturées. C'est bien mais ce n'est que le début de la soirée. La suite va être de plus en plus barrée.


Seul à la guitare acoustique, Al Perry nous livre une parenthèse country-folk du meilleur goût. Très bon apéritif avant d'attaquer des plats de résistances beaucoup plus roboratifs.

Al Foul and the Shakes nous renvoient à l'époque de gloire des Sun Studios ; rockab' furieux en formule trio guitare-basse-batterie. Le parfait trip pour taper du pied et tortiller du cul. La Gretsch et la Telecaster rugissent, le tigre est dans le moteur...

Avec Bebe & Serge arrive l'heure des vrais chtarbés de la revue. Sûr que l'alcool de cactus frelaté a du monter au cerveau de ce couple improbable, oeuvrant dans un style indéfinissable, entre la techno-pop minimaliste et la comédie musicale. Assurément les plus barrés de toute la soirée, on a du mal à y croire et il n'y a guère que l'arrivée sur scène de The Pork Torta pour nous remettre les pieds sur terre.

Bien jetés aussi les Pork Torta. Ils commencent leur set en accompagnant Bebe & Serge pour la partie plus rock du répertoire, puis se lancent comme des grands. Du rock barré, gorgé de funk, de punk et de plein d'autres choses. Ça ratafouine sur scène et dans la salle, ça commence à pogoter.

Coin, composé d'un ex-Doo Rag à la batterie et d'une chanteuse déclenchant des boucles via un boitier de commande à son poignet. C'est spécial, entre le rrriot grrrllll et la techno et très court ; 4-5 morceaux pas plus. Ça ne m'a pas trop accroché, d'autant plus que le light-show se résumait à une lumière rouge stroboscopique rendant quasi impossible toute photo.

"BOB LOG THE THIRD, BOB LOG THE THIRD !!!" hurle le DJ d'Electroshockbox au micro. Le mutant arrive juché sur les épaules d'un acolyte, costume illuminé et l'habituel casque sur la tête. Après un tour de salle, direction sa chaise posée derrière sa grosse caisse et sa cymbale. On a affaire à une sorte de Rémy Bricka blues ; voix saturée dans le combiné téléphonique tenant lieu de micro, guitare slide évoquant plus les juke-joints du fin fond du Mississipi que les artères colorées de Las Vegas, et grosse caisse et cymbale tellement martelées qu'elles pourraient porter plainte pour maltraitance. Sans bouger de sa chaise, Bob Log III arrive à occuper la scène comme s'il était un groupe complet et les pogos commencent à ressembler à un rassemblement punk, ça "pousse dans le fond" comme on dit. Le barjot nous balancera deux rappels avant de s'éclipser puis de revenir à visage découvert dans un petit recoin de la salle en compagnie du batteur de Coin pour une exceptionnelle reformation de Doo-Rag.

Il est prêt de deux heures du matin et Doo-Rag joue encore, lorsque je quitte la salle avec la nette impression d'avoir assisté à la claque de la semaine au niveau concert. Pas sûr que quelque chose ait pu rivaliser dans le PRL ("Paysage Rock Lillois"©) ces jours-ci.