Voilà plus de vingt ans que je ne suis plus étudiant et, à l'époque, la Maison des Etudiants n'existait pas. Pensez bien que si ça avait été le cas, je m'y serais rué dare-dare. Un lieu idéalement situé au pied du métro qui propose tous les jeudis un concert gratos de qualité avec un bar dont les consommations sont à un prix "affordable", voilà le genre d'endroit destiné à faire bander n'importe quel mélomane normalement constitué. Seulement voilà, "the times they are a changin". Ce jeudi c'est à croire que les étudiants du 21ème siècle préfèrent aller claquer leurs économies dans les bars-boîtes "branchouilles" de la rue Masséna ou dans la "nouvelle chanson française-engagée-tellement citoyenne" wazemmoise que dans du pur rock'n'roll de voyou. Résultat, on était très loin de se bousculer pour le plateau Warehouse/Ashtones que nous proposait la MdE. A désespérer de la "jeunesse lilloise".

En ouverture, les jeunes pousses de Warehouse. M'est avis que ces mecs-là ont dans leur prime jeunesse plus été biberonnés au Jack Old N° 7 qu'au lait Candia. Ça lorgne du côté southern rock mâtiné de gros heavy. On sent les influences Zakk Wylde chez le guitariste (et pas que pour le modèle de la gratte) qui nous sert un festival d'harmoniques sifflées. De bons morceaux flirtant parfois avec le funk-rock et une bonne reprise du "Paint It Black" des Glimmer Twins, parfait pour un set bien heavy fleurant bon les 70's. Même si Warehouse est encore un peu vert, nul doute que cet arbuste pourrait au fil du temps se transformer en un costaud chêne aux racines solidement ancrées dans un terreau rock'n'roll.

Un coup d'oeil sur leur balance, quelques mots échangés avec le groupe, j'avais la confirmation ; exit El Rotringo à la basse, et place à Dorothée, aka Michelle-Ann Dix. Le "bass-player syndrom", a-t-on coutume de dire dans le milieu punk-rock. En tout cas, ce soir, le gang a la pêche, les sourires sont de rigueur. Il flotte comme un état de grâce sur la petite scène villeneuvoise, D-Stroy se permettant même quelques sauts de cabri. De plus, Francis a finalement remisé sa casquette "Village People" au placard pour la remplacer par un chapeau plus "esthétiquement cohérent".