"Comme à
Ostende et comme partout..."
L'Ostendais se tient là,
devant nous, silhouette noire entourée de ses musiciens.
Je sais que je n'aurais droit qu'à deux morceaux pour le
capter, sans possibilité d'arpenter le front de scène.
D'entrée, ça envoie
le bois avec un "Ratata" à réveiller les
morts et on se dit que c'est là qu'il est le meilleur,
le Père Arno, lorsqu'il nous balance son blues urbain,
accompagné par une guitare à la limite du free-jazz,
que ce soit sur ses compositions ou sur des reprises (d'Abba aux
Stones en passant par Ferré) qu'il s'approprie à
tel point qu'on les croirait écrites pour lui.
On savait le personnage écorché,
sensible, on le découvre rempli d'autodérision (son
âge, ses moules et ses crevettes grises, ses déboires
avec les robots ménagers...) allant jusqu'à nous
raconter sa dernière visite de contrôle chez l'urologue
pour annoncer "les filles du bord de mer" (...en douceur
et profondeur...).
Deux heures de concert, deux
heures de blues, car c'est bien de blues qu'il s'agit, pas forcément
celui du Mississipi ou de Chicago, mais celui des hommes qui crachent
leur âme et leur vécu.